Vers la mise en place d’un registre des cancers à l’hôpital de Gabès.
Le suivi des recommandations émanant de la visite de la délégation du CHU de Marseille Nord à l’hôpital de Gabès, et qui a eu lieu du 28 au 30 novembre 2022, ne cesse de faire l’objet de concertations entre les deux hôpitaux.
Pour rappel, voici, de façon synthétique, l’essentiel de ces recommandations :
1. Un programme de formations et de stages pourrait être établi tout au long de ce partenariat.
2. La volonté commune de travailler sur la santé environnementale étant donné les similitudes entre Gabès et Marseille sur ce plan : les deux villes souffrent d’une dégradation environnementales évidentes. Un partage d’expériences sur les traitements des pathologies liées aux effets des différentes formes de pollution aussi bien dans les régions de Gabès et Marseille avec des compétences pluridisciplinaires spécialisées dans les deux hôpitaux constituera la pierre d’angle de l’édifice cette coopération.
3. Développer le métier de médiateur de la santé à Gabès : l’hôpital de Marseille peut aider à partager son expérience dans ce domaine.
4. La mise en place d’un registre : comme, par exemple, le registre des malformations génitales, des cancers, des maladies respiratoires (ou autres types de pathologies). L’hôpital de Marseille peut faire appel à un spécialiste qui expliquerait la méthodologie de mettre en place ce registre. Un mastère sur la tenue des registres pourrait être préparé.
C’est ce dernier point qui a vu récemment une avancée notoire grâce aux efforts du Dr. Samir Aloulou, Chef du Service de Carcinologie Médicale à l’hôpital de Gabès et président du Comité Médical, et qui ne ménage pas ses efforts pour la mise en place d’un registre des cancers au sein de l’hôpital.
Pourquoi un registre des cancers ?
Il est à rappeler que la Tunisie s’est dotée, depuis 2008, d’un registre national du cancer (Décret n° 2008-846 du 24 mars 2008). Un registre des cancers contient des informations relatives à l’identification des cas atteints de cancer. Ces informations concernent notamment la localisation du cancer, la date de son diagnostic, son type histologique (tout ce qui concerne l’étude des tissus vivants) et ses stades évolutifs ainsi que les modalités de sa prise en charge.
La création d’un registre des cancers a notamment pour objectif : le suivi et le contrôle de la maladie et de l’étendue de sa propagation, l’évaluation des modalités de la prise en charge de la maladie, l’identification des facteurs de risque de la maladie.
Gabès et plusieurs autres gouvernorats du sud tunisien souffrent de plusieurs types de cancers dus, entre autres, aux diverses formes de pollution que connaissent ces régions. D’autres causes sont avancés pour expliquer la propagation des cancers : le vieillissement de la population, l’adoption du mode vie occidental au plan mondial (mauvaises habitudes alimentaires, sédentarité, obésité…) ainsi que le tabagisme… D’où la nécessité d’une traçabilité de ces types de maladies et la nécessité de leur surveillance épidémiologique (incidence, gravité, évolution en fonction du site anatomique, du type histologique, différences interethniques ou géographiques…), l’évaluation des programmes de dépistage, de prévention ou de la prise en charge thérapeutique ainsi que la conduite de travaux de recherche épidémiologique.
Le nombre sans cesse croissant de cancers dans le gouvernorat de Gabès et les régions limitrophes nécessite un registre autonome pour localisation de ces cancers, les dates de leurs diagnostics, leurs types histologiques et leurs stades évolutifs ainsi que les modalités de leurs prises en charge.